L’établissement de cibles radicales et de normes pour la réduction de la pauvreté à l’échelle mondiale revêt une importance et une valeur : le débat et l’intérêt concernant le cadre qui succédera aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en témoignent. 

Ces objectifs ambitieux ont concentré la réflexion et les plans d’activités des donateurs d’aide sur leur réalisation. Certaines cibles ont d’ores et déjà été atteintes, comme la réduction de moitié du nombre de personnes qui vivent avec moins de 1,25 dollar US par jour. 

On ne sait pas avec certitude si l’aide a contribué à la croissance économique sous-jacente à cette réduction mais, en ce qui concerne la mortalité infantile, l’éducation et la prévention des maladies, les OMD, grâce à l’acheminement de quantités d’aide beaucoup plus importantes vers les personnes les plus pauvres du monde, ont assurément eu un impact.

Cependant, les pays fragiles ou en proie à des conflits n’ont pas connu d’améliorations considérables. 

L’attention doit se concentrer sur les moteurs des conflits

Comme l’a souligné le Rapport sur le développement dans le monde en 2011, aucun État fragile ou touché par un conflit n’a réussi à atteindre un seul OMD, et on ne s’attend pas à ce qu’ils le fassent d’ici à 2015. Sur les 42 pays occupant les derniers rangs de l’Indice de développement humain du PNUD, 29 sont des États fragiles. Les pays dont les habitants souffrent des effets socialement débilitants de la fragilité et du conflit sont tout simplement restés à la traîne.

D’après l’expérience, les cibles établies dans le cadre des OMD actuels ne se sont pas révélées suffisamment pertinentes pour les pays qui font tout pour construire la paix et renforcer l’État, aspects qui sont si essentiels à leur relèvement.

Dans ces contextes, les OMD s’adressent aux symptômes, et non aux moteurs, des conflits et n’abordent pas la nature inévitablement complexe et politique des conflits.

La reconnaissance de ce fait était implicite dans les messages qui ont découlé de la première réunion, le 25 septembre dernier, du Panel de haut niveau des éminentes personnalités sur le programme de développement pour l’après 2015 du Secrétaire-général des Nations Unies. Le Premier ministre britannique David Cameron, qui était l’un des co-présidents du Panel, a souligné la nécessité de se pencher sur les causes de la pauvreté, pas seulement sur ses symptômes. Il a par ailleurs évoqué un certain nombre de facteurs, qui peuvent faire passer les pays de la pauvreté à la richesse, et dont l’un des plus importants est l’« absence de conflit ».  

Travail en partenariat

Conciliation Resources travaille avec d’autres organisations de la société civile, y compris le Dialogue international sur la construction de la paix et le renforcement de l’État [version originale en anglais], Beyond 2015 consultations, BOND [version originale en anglais] et le Bureau européen de liaison pour la construction de la paix (EPLO) [version originale en anglais] en vue de l’élaboration d’un cadre de développement pour l’après 2015 qui intègre les besoins et les préoccupations propres aux États fragiles et touchés par les conflits.

Pour parvenir à cet objectif, nous avons récemment contribué et manifesté notre appui à une déclaration par des organisations de la société civile, Intégrer la paix dans le cadre post-2015: Une déclaration conjointe des organisations de la société civile, qui présente les éléments qui sont à nos yeux essentiels pour tout cadre successeur.

Les objectifs de Construction de la paix et Renforcement de l’État – identifiés en 2010 à Dili durant la première réunion du Dialogue international sur la construction de la paix et le renforcement de l’État, et peaufinés en 2011 à Busan – sont soutenus par plus de 40 gouvernements et organisations multilatérales.

Les objectifs de Construction de la paix et Renforcement de l’État constituent une base robuste sur laquelle élaborer les éléments liés à la paix du cadre post-2015.

Ces cinq objectifs abordent le concept fondamental de l’« équité », dont l’absence peut entraîner le conflit :

  • Système politique légitime – favoriser une résolution des conflits et des accords politiques inclusifs ;
  • Sécurité – établir et renforcer la sécurité des personnes ;
  • Justice – lutter contre les injustices et améliorer l’accès des populations à la justice;
  • Fondations économiques – créer des emplois et améliorer les moyens de subsistance ; 
  • Revenus et services – gérer les revenus et développer les capacités pour assurer une prestation de services responsable et équitable. 

À la différence des OMD actuels, les objectifs post-2015 ne devraient pas être considérés comme ayant été conçus par et pour les seuls donateurs d’aide. Les cibles post-2015 doivent appartenir à un groupe beaucoup plus large et être également pertinentes pour les pays touchés par la fragilité et les conflits, tandis qu’ils poursuivent leurs efforts pour parvenir à une paix durable et à une réduction considérable de leur degré de pauvreté.

Un système équitable et une paix juste dépendent du travail en collaboration entre les bailleurs de fonds, les gouvernements partenaires et les communautés touchées pour atteindre des objectifs communs.  

Enfin, le processus suivi pour l’élaboration du cadre post-2015 est aussi important. Parmi les nombreux besoins et questions mis en relief dans le cadre du débat sur les OMD, les personnes qui vivent dans des États fragiles et en proie au conflit doivent pouvoir s’exprimer sur les questions qui les concernent.

C’est pourquoi Conciliation Resources travaille avec d’autres entités – particuliers, organisations partenaires et coalitions d’ONG – pour soutenir un processus fondé sur la transparence et la consultation afin de mettre au point et de suivre le cadre de développement futur. 

Pour en savoir plus sur les activités que nous menons sur les questions connexes :

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Teresa Dumasy est Chargée des politiques publiques et de l’apprentissage au sein de Conciliation Resources.